Ce rapport présente les conclusions et les recommandations formulées dans le cadre de l’évaluation de la pertinence et de la faisabilité́ d’un élargissement des activités de l’Observatoire communautaire sur le VIH et la Tuberculose de la RDC porté par l’organisation UCOP+. L’Observatoire couvre actuellement 397 des 1 670 formations sanitaires (FOSA) réparties dans les trois provinces cibles, représentant 24% du total. Dans sa structure, l’Observatoire se compose d’un comité de pilotage au niveau national et provincial, et des collecteurs déployés dans les zones de santé. En plus du traitement des données, l’Observatoire mène des actions de plaidoyer pour résoudre les problèmes qui touchent les PvVIH.
L’évaluation conduite à la demande d’UCOP+ poursuivait 3 objectifs principaux :
- Évaluer les activités actuelles de l’Observatoire
- Évaluer la pertinence d’un élargissement thématique et géographique de la couverture de l’Observatoire en fonction du contexte
- Formuler des recommandations sur l’évolution de l’Observatoire
Les évaluateurs ont utilisé des outils qui s’inspirent des approches orientées changement (AOC), car ils permettent de mesurer les changements sociaux apportés par un projet sur le plan individuel, familial et collectif. Par le biais de la théorie du changement, construite a posteriori à partir des documents d’archive et des témoignages des acteurs et actrices des débuts, les évaluateurs ont cherché à déterminer quels défis les patients vivant avec le VIH (PvVIH) rencontraient à l’époque de la création de l’Observatoire, quelles solutions ils entrevoyaient pour y répondre, et quels les résultats étaient visés en termes d’extrants, d’effets à moyen terme et d’effet à long terme. Des informations générées à partir de l’analyse de la base de données, qui ne présente des informations consolidées que depuis 3 ans, complétées par des données qualitatives, recueillies lors d’entretiens et d’ateliers avec les acteurs d’UCOP+, des bénéficiaires et des organisations de la société civile ont permis d’apprécier l’atteinte de ces résultats. Au terme de cette analyse, il se dégage une série de conclusions et de recommandations qui figurent ci-dessous.
Principales conclusions
Les principales conclusions montrent que l’Observatoire a enregistré des acquis importants, mais est resté limité en termes d’impacts concernant certains résultats.
Concernant les acquis, on peut retenir les éléments suivants :
- L’évaluation confirme que l’Observatoire est un dispositif communautaire d’alerte consensuel, même si aucun document décrivant le fonctionnement de ce dispositif n’a été fourni ;
- Des données actualisées sur les dysfonctionnements dans l’accès aux soins qui font l’objet de suivi par l’observatoire sont disponibles et la qualité est garantie par différentes approches de vérification ;
- Les ruptures de stock des ARV, du cotrimoxazole et des intrants contre la TB sont en baisse, selon les données de l’observatoire et les PvVIH interrogés lors de l’évaluation;
- Les chiffres disponibles en 2020 et 2021 concernant la stigmatisation/discrimination dans les centres de santé, montrent une tendance à la baisse dans les 3 provinces : de 82 à 37 cas au Nord Kivu, de 105 à 18 cas à Kinshasa et de 29 à 1 cas à Mbujimayi ;
- La qualité de la prise en charge des PvVIH dans les structures de santé, mesurée par l’accès aux médicaments et aux examens, s’est beaucoup améliorée, même si les PvVIH ont déclaré souffrir plus du manque de nourriture pour supporter le poids du traitement, que de l’absence de médicaments ;
Enfin, en termes de renforcement de l’implication des acteurs de la société civile dans les processus de décision, on note que l’Observatoire est représenté dans les organes de décision sur les médicaments : au comité national de Pilotage des Médicaments et à la Task Force Médicaments au niveau provincial.
En termes de limites, elles portent sur les aspects suivants :
- Les changements dans la configuration de la base de données ne permettent pas une remontée de l’analyse depuis le début des activités de l’observatoire ;
- Les données ne sont pas toujours présentées dans les rapports en termes d’informations clés utiles pour la prise de décision ;
- L’observatoire n’a pas mené assez d’actions de plaidoyer d’envergure pour influencer profondément le système, en s’attaquant aux causes systémiques des dysfonctionnements. L’existence du « Consortium Plaidoyer » est pourtant un atout majeur pour mener ces types d’actions, en renforçant les capacités d’influence de l’observatoire.
- L’observatoire n’arrive pas à infléchir la trajectoire de certains obstacles à l’accès aux soins.
Ainsi, les insuffisances suivantes persistent :
- Depuis 2021, les ruptures en réactifs des tests VIH sont en augmentation ;
- L’accès aux tests de la charge virale s’est dégradé entre 2020 et 2021. Parmi les PvVIH éligibles pour le test, le pourcentage de ceux-celles qui sont arrivés-es à le faire et à recevoir leurs résultats a chuté de 50,5 % à 36,8 % ;
- De nombreuses PvVIH sont encore victimes des paiements illicites, essentiellement dans le Nord Kivu avec des taux de 20 %, 15 % et 15 % respectivement en 2019, 2020 et 2021, mais la situation semble meilleure à Kinshasa et à Mbujimayi.
En matière de renforcement de l’implication des acteurs communautaires dans les prises de décision, seulement 30% des collecteurs représentant l’Observatoire interrogés disent participer aux réunions du Comité de gestion (COGE).
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