Plus de vingt ans après la première mise en évidence médicale du syndrome d’immunodéficience acquise, le sida s’est transformé en une des maladies les plus dévastatrices de toute l’histoire de l’humanité. Depuis que l’épidémie a éclaté, à ce jour plus de 60 millions de personnes ont été infectées par le virus. Le VIH/Sida est la quatrième cause de mortalité dans le monde.
À la fin de 2009, selon les estimations, 33,3 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH. Pour cette seule année, il y avait environ 1,8 millions de décès liés au SIDA et 2,6 millions de nouvelles infections. Les données de 2009 montrent que l’épidémie de sida est en train de changer de cap et que le nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH est en baisse. L’Afrique subsaharienne continue d’être la région la plus touchée avec 69% de toutes les nouvelles infections et dans sept pays d’Asie centrale et d’Europe de l’Est pour la plupart de nouveaux taux d’infection au VIH ont augmenté de 25%. En outre, 90% des gouvernements ont déclaré lutter contre la stigmatisation et la discrimination dans leurs programmes VIH. La vulnérabilité au VIH liée à un certain nombre de défis en matière de droits de l’homme demeure une préoccupation. (Rapport ONUSIDA sur l’épidémie mondiale de Sida 2010)
EN QUOI LES DROITS DE L’HOMME SONT-ILS CONCERNÉS PAR LE VIH/SIDA ?
Les droits de l’homme sont inextricablement liés à la propagation et à l’incidence du VIH/Sida sur les individus et les communautés à travers le monde. Le non-respect des droits de l’homme contribue à propager la maladie et à en exacerber l’incidence, dans le même temps que le VIH/Sida sape les progrès réalisés dans la mise en ouvre des droits de l’homme. Ce lien apparaît nettement lorsqu’on considère l’incidence disproportionnée de la maladie sur certains groupes, notamment les femmes, les enfants, et plus particulièrement ceux qui vivent dans la pauvreté, et sa progression. La nature de l’épidémie et les conditions sociales, légales et économiques qui prévalent jouent ici un rôle déterminant. Il est tout aussi apparent dans le fait que les pays en développement sont les plus touchés par cette épidémie, qui menace de réduire à néant les progrès vitaux qu’ils ont réalisés dans le domaine du développement humain. Dans de nombreux pays en développement, le sida et la pauvreté se complètent désormais pour exacerber le pire.
LE LIEN EXISTANT ENTRE LE VIH/SIDA ET LES DROITS DE L’HOMME SE MANIFESTE DANS TROIS DOMAINES :
Augmentation de la vulnérabilité : Certains groupes apparaissent plus vulnérables au virus du VIH parce qu’ils sont incapables d’exercer leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Par exemple, les personnes auxquelles on dénie le droit à la liberté d’association et à l’accès à l’information risquent de se retrouver écartées des débats sur le VIH/Sida, des activités organisées par les organisations d’aide aux personnes touchées par le sida et par les groupes d’assistance mutuelle, et empêchées de prendre des mesures de prévention contre l’infection du VIH. Les femmes, et en particulier les jeunes femmes, sont d’autant plus vulnérables à l’infection qu’elles sont privées de l’accès à l’information, à l’éducation et aux services indispensables pour garantir leur santé sexuelle et reproductive et prévenir les risques d’infection. L’inégalité des femmes par rapport aux hommes au sein de leur communauté se traduit également par leur faible capacité de négociation au moment des rapports sexuels. Les pauvres, lorsqu’ils sont séropositifs, sont souvent incapables d’avoir accès aux soins et aux traitements, notamment aux thérapies antirétrovirales et aux autres médicaments contre les infections opportunistes.
Discrimination et stigmatisation : Les droits des personnes vivant avec le VIH/Sida sont souvent violés du fait de leur séropositivité présumée ou connue. Ces personnes sont doublement pénalisées, d’une part par la maladie elle-même, d’autre part par la perte que celle-ci entraîne de leurs autres droits. La stigmatisation et la discrimination peuvent leur bloquer l’accès au traitement, se répercuter sur leur emploi, leur logement et leurs autres droits. Cela, par ricochet, contribue à mettre les autres à risque tant cette stigmatisation et cette discrimination dissuadent les personnes séropositives et celles par ailleurs pénalisées en raison de la maladie de se faire connaître auprès des services de santé et des services sociaux. Il en résulte que ce sont précisément ceux qui auraient le plus besoin d’être informés, éduqués et conseillés qui se trouvent privés de ces services, même lorsque ces derniers sont disponibles.
Quand l’action devient inefficace : Les stratégies de lutte contre l’épidémie du VIH/Sida perdent de leur efficacité dans un environnement où les droits de l’homme ne sont pas respectés. Par exemple, la discrimination et la stigmatisation des groupes vulnérables – les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes – conduisent ces communautés à se réfugier dans la clandestinité. Cela rend plus malaisé de conduire des actions de prévention en direction de ces populations et celles-ci deviennent plus vulnérables au VIH/Sida. De la même façon, en négligeant l’accès à l’éducation et à l’information sur le VIH/Sida, aux traitements et aux services de soin et d’appui, on entretient la progression de l’épidémie du sida. Il est indispensable de prendre en compte ces éléments si on veut riposter de manière efficace au VIH/Sida, en sachant que le non-respect des droits de l’homme est un frein à toute efficacité.
QUE SIGNIFIE UNE APPROCHE DU VIH/SIDA DU POINT DE VUE DES DROITS DE L’HOMME ?
Lorsque les individus et les communautés sont en mesure d’exercer leurs droits à l’éducation, la libre association, l’information et, plus encore, à la non-discrimination, les incidences du VIH et du sida sur les personnes et sur la société s’en trouvent amoindries. Lorsque les personnes séropositives vivent dans un milieu ouvert et favorable, à l’abri de la discrimination ; qu’elles sont traitées avec dignité ; qu’elles ont accès aux traitements, aux soins et à un appui, et lorsque le sida cesse d’être un objet de stigmatisation, les gens se prêtent d’autant plus volontiers aux tests de dépistage pour savoir s’ils sont ou non infectés. Dans le même ordre d’idées, les personnes séropositives peuvent mieux se prendre en charge, et par exemple bénéficier à leur propre demande d’un traitement et d’un soutien psychologique, prendre des mesures pour éviter de transmettre le virus, et réduire ainsi l’incidence du VIH/Sida sur leur vie et sur celle des autres membres de la société.
La protection et la promotion des droits de l’homme sont de ce fait indispensables pour empêcher la propagation du VIH et atténuer l’incidence socioéconomique de cette pandémie. Et cela pour trois bonnes raisons. Premièrement, la promotion et la protection des droits de l’homme réduisent la vulnérabilité à l’infection du VIH en s’attaquant aux causes profondes de l’épidémie. Deuxièmement , l’incidence négative du virus sur les séropositifs et sur les personnes qu’il touche s’en trouve amoindrie. Troisièmement, les individus et leurs communautés peuvent ainsi mieux riposter à la pandémie. C’est la raison pour laquelle la lutte contre cette pandémie au niveau international doit reposer, pour être efficace, sur le respect de tous les droits civils, culturels, économiques, politiques, économiques et sociaux, et sur le respect du droit au développement, en application des standards, normes et principes internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Les obligations qu’ont les États de promouvoir et protéger les droits de l’homme liés aux VIH/Sida sont définies dans les traités internationaux existants. Ces droits sont notamment le droit à la vie, le droit de toute personne à sa liberté et à sa sécurité, le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, le droit à la non-discrimination, à une protection égale et à l’égalité devant la loi, le droit à la liberté de mouvement, le droit de chercher et d’obtenir asile, le droit à la vie privée, le droit à la liberté d’expression et d’opinion, le droit de recevoir et de divulguer librement une information, le droit à la liberté d’association, le droit de se marier et de fonder une famille, le droit au travail, le droit à l’égalité d’accès à l’éducation, le droit à un niveau de vie adéquat, le droit à la protection sociale, à l’assistance et au bien-être, le droit de bénéficier des progrès de la science et de ses avantages, le droit de participer à la vie publique et culturelle, et le droit de ne pas subir de torture ou toute autre peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Les instruments et les mécanismes mis en place par les Nations Unies dans le domaine des droits de l’homme représentent non seulement un cadre normatif légal, mais ils sont en outre des outils indispensables pour la mise en ouvre des droits des personnes touchées par le VIH. En examinant les rapports présentés par les États et en soumettant des observations et des recommandations concluantes ainsi que des commentaires généraux, les organes chargés de veiller à l’exécution des traités contribuent à aider les États à mettre en ouvre les droits des personnes touchées par le VIH. Lesprocédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, à savoir les représentants spéciaux, les rapporteurs spéciaux des mandats thématiques et par pays, et les groupes de travail sont par ailleurs en mesure de surveiller le respect des droits des personnes touchées par le VIH.
Source: https://www.ohchr.org/FR/Issues/HIV/Pages/HIVIndex.aspx